Au départ un cahier de dessins rempli par une enfant âgée de 9 ans. Il était important d’aller jusqu’à la fin du cahier et de recopier tous les objets environnants, en collant à la réalité. Ma mère y voit du talent, il s’en suit 7 ans de cours d’art. J’y apprends la technique, notamment l’expérience de retranscrire à la main ce que l’oeil regarde. Je me souviens de cette grande maison inhabitée et humide, que la ville avait investie en atelier artistique. Je me souviens de l’odeur constante de peinture, d’essence de térébenthine et de bois. Les jours d’été on peignait dans le jardin et les fourmis se promenaient sur ma palette. L’ensemble de mes toiles en ce temps là était des marines que j’offrais à ma mère.
Plus Grande, j’ai choisi un parcours de formation en psychologie, même si mes parents souhaitaient que je poursuive des études dans une école des beaux arts. J’ai choisi de devenir psychologue clinicienne, habitée par le désir de comprendre l’humain. Etudiante, mes peintures étaient des commandes pour des anniversaires et pour noël. Ce n’est que récemment que j’ai commencé à peindre pour moi. Ce que je peins aujourd’hui, je le puise dans mon imaginaire. L’humain, les émotions m’inspirent sans cesse (l’analytique en moi). Par la peinture, je sublime des pensées. Mais voilà, j’ai appris petite la technique – un cadre – et tout le travail pour moi est d’en sortir – imaginaire – tout en y restant – la figuration.
Dans les premiers temps de mon existence j’étais dans la lune, bordée par un imaginaire puissant. Je suis redescendue de force, non sans violence, dans notre matérialité. Il s’agit alors peut-être de renouer avec cette petite fille dans la lune.